Collecte des données dans le Haut-Uélé
Lors de la campagne de collecte des données organisée entre juillet et août 2019 dans le cadre du projet nexus Climat - Eau - Migration - Conflits dans le bassin du Congo, plusieurs entretiens et focus groups ont été menés dans la Province du Haut-Uélé.
Climat
La population a pu observé des effets du changement climatique notamment :
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Des longues saisons sèches au cours desquelles certaines rivières et cours d'eau sèchent ;
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Des précipitations irrégulières ;
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La modification du calendrier agricole
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La sensation de l'augmentation de la température moyenne
La province a une forte exposition au rayonnement solaire. La population locale utilise les panneaux solaires comme source d'énergie domestique
Station météorologique d'Isiro (RVA Isiro)
Conflits
Victime d'un conflit entre les éleveurs Mbororo, dans le Territoire de Niangara.
Les types des conflits évoqués dans la province du Haut-Uélé à Isiro et dans le territoire de Niangara, sont parfois violents. Ils proviendraient :
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De l’arrivée massive des éleveurs Mbororo avec leurs dépendances. Chaque éleveur disposant d'au moins 1000 têtes des vaches. Ces vaches sont laissées en divagations, elles détruisent les champs des populations locales, elles polluent l’eau et l’environnement.
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De la LRA (Groupe armé étranger présents dans la Province). Ce Groupe est connu pour les atrocités et violations des droits de l’homme que ces membres exercent sur la population civile.
Entretiens
Entretien dans la chéfferie Manzinga-Nabia, Territoire de Niangara
Les entretiens ont été réalisés auprès des responsables des parties prenantes :
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les enseignant(e)s et chercheur(e)s de l'Université de l'Uélé ;
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les agents des services publiques (Direction Provinciale de Migration ; Division provinciale de l'Agriculture, Pêche et Elevage ; Coordination provinciale de l'Environnement et du Développement durable ; Administration du territoriale de Niangara ; les chefferies de Manzinga-Nabia, le Service météorologique provincial d'Isiro) ;
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Les organisations de la société (Le Commissariat juridique diocésain d'Isiro, le Collectif des femmes de la province du Haut-Uélé, la Coordination de la nouvelle société civile du Haut-Uélé, l'ONG IKV-Pax-Christi) ;
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Les représentants les éleveurs Mbororo ;
Entretien avec le Chef du quartier Kongoli-Isiro.
Entretien avec deux chefs des travaux académiques de l'Université de l'Uélé
Focus Groups
Des entretiens par Groupe cible ont été réalisés dans le village Nabia victime de plusieurs assauts des troupes du Groupe armé LRA installé dans la forêt à proximité des habitations.
Focus group dans village Nabia, chefferie Manzinga
Le conflit armé dû à la présence de la LRA n’est pas à démonter dans le territoire de Niangara. Ce groupe a endeuillé plusieurs familles, laissé beaucoup d’orphelins, violé des femmes, enrôlé des mineurs de leur mouvement. Ils organisent des kidnapping, ramenant les victimes dans la forêt pour enrôlement quand il s'agit des hommes, exploitation sexuelle quand il s'agit des femmes, et tueries en cas de résistance..
Focus groupe avec les jeunes enfants au Camp des Mbororos
Ici, des femmes témoignent des atrocités vécues pendant les invasions et assauts de la LRA au village Nabia
Focus group et discussion de groupe au village Nabia, chefferie Manzinga
4. Forets- Agricultures
Dans la province du Haut-Uélé en général et le territoire de Niangara en particulier, la population a comme activité principale l’agriculture. En plus des cultures maraîchères, elle cultive le Riz, le Manioc, le Maïs, l'Arachide, les Bananes plantains… cette agriculture est itinérante sur brûlis. La pêche est artisanale sur les cours d’eaux et grandes rivières.
Combustibles utilisés pour la cuisine à ISIRO
Culture de Taro : Agriculture de subsistance
Moyen de transport des produits agricole
Les produits de la cueillette faite dans la foret, il y a lieu de signaler que toute l’activité de l’agriculture est exercée dans la foret, les bois de chauffes restent la source d’énergies par excellence pour la majorité de la population. On observe une pression exercée dans la foret sans tenir compte les mesures de conservation de la flore et faune édictent par la loi. C’est aussi une question qui mérite une attention particulière car c’est dans la foret que la quasi-totalité de la population tire la source de leur survie, et aussi un paradoxe actuellement que c’est dans la foret que se trouve la LRA.
Pression sur la foret TELY-ISIRO
Récolte des arachides de la dynamique des femmes du territoire de Niangara
5. Formation des enquêteurs
Pour rendre les enquêtes crédibles, il était indispensable de recruter localement et le former. Ainsi la sélection a eu lieu, en suivant quelques critères entre autre :
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La connaissance de milieu d’étude ;
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La maîtrise de la langue locale ;
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La capacité de comprendre et transmettre le contenu de l’enquête ;
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N’est pas être conflictuel ;
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Encourager le recrutement des filles (femmes) ;
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Avoir au moins un diplôme d’état ou plus.
Recrutement et Formation des enquêteurs à NIANGARA
6. Genre-Femmes et Enfants
Le phénomène de changement climatique, dans la province de Haut-Uélé (Isiro) et de territoire de Niangara, affecte de plus en plus les femmes, expose les jeunes filles et enfants à des violences de toutes sortes.
Dans la zone d’étude toutes les activités sont perturbées, les jeunes filles font plusieurs kilomètres et des heures à la recherche de l’eau, (un bidon de 20litres). Les enfants et jeunes filles fréquentent difficilement l’école. Lls sont plus utilisés à la recherche de denrée rare (eau), initiées aux activités agricoles. En conclusion les jeunes filles sont exposées à des violences diverses.
Les femmes sont, pour la plupart, de moins en moins instruites. Ce sont elles qui font l’agriculture, qui parcourent de longues distances pour faire des champs et s’occuper du ménage.
7. Migration et Transhumance
Le phénomène de migration et transhumance qu’on a évoqué est essentiellement lié à la présence des éleveurs Mbororo avec leurs dépendances venant du Tchad, République Centre Africaine, en traversant la frontière à partir de territoire de Ango, dans la province de Bas-Uélé, pour venir s’installent dans le territoire de Niangara dans la province de Haut-Uélé.
Ces éleveurs avancent comme raison, ils sont à la recherche des pâturages et la disponibilité des eaux. Ayant occupé la terre illégalement, leurs vaches sont laissées en divagation, détruisent les champs de la population location, polluent l’eau et détruisent l’environnement. Cette situation provoque un conflit permanent avec la population locale qui vit de l’agriculture principalement.
8. Usage de l’eau
La majorité de la population n’accèdent pas à l’eau potable. Dans la ville d’Isiro, plusieurs sources d’approvisionnement en eau restent les puits de forages pour la plupart sont non aménagés, et tarissent pendant la saison sèche. La population utilise cette eau pour la consommation et usage domestique.
La même situation est observée dans le territoire de Niangara où la population est confrontée à la même difficulté. Pour pallier à cette carence, la population recourt à la rivière Bomokandi pour la consommation et usage domestique. Face à cette situation on relève une conséquence d’ordre sanitaire, notamment plusieurs cas des maladies d’origines hydrique. La province est traversée par plusieurs cours d’eaux et rivières qui ne sont pas navigables, mais très poissonneux. La population s'en sert pour faire la pêche artisanale.
9. Résilience des Communautés
Une bonne politique d’encadrement, et la sensibilisation de la population sur la gestion de l’environnement peut aider à réduire le conflit et favorisé la cohabitation pacifique.