Fiche de transcription N°7

PRÉSENCE DES MIGRANTS ET DÉFIS D’ACCÈS DES POPULATIONS LOCALES AUX SERVICES SOCIAUX DE BASE

Transcription par : Anaclet Kombayi

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Projet concerné : CEMiC

  • Axe de recherche d'attache du réalisateur Haut-Uélé

  • Période
    20 juillet - 20 Septembre 2019

Date de réalisation : 23/08/2021

  • Timing : 2 mois

1. La carte d’identité de l’enregistrement

Titre du fichier

  • Longueur du fichier en minutes : 1h

  • Réalisateurs(trices) : Enquêteurs et chercheurs du projet CEMIC : - Génie LUTONADIO (CRREBaC)

  • Personne(s) ressource et fonction :

    Les cultivatrices dans le village Nabia, Chefferie Manzinga. (Femmes)



  • Type de fichier Audio

  • Langue(s) utilisée(s) Lingala

  • Lieu de l'enregistrement

    Village Nabia/ chef-lieu de la chefferie Manziga.


2. Contenu de l'enregistrement



Une brève introduction est faite sur le but de la mission, le projet CEMiC et le centre CRREBaC qui pilote le projet. Le but poursuivi est d’avoir des informations fiables sur les problèmes liés à la problématique de la migration des éleveurs Mbororo dans la province, dénoncer les inconvénients et avantages de la présence de ces éleveurs dans la ville d’Isiro et le territoire de Niangara, avoir une perception de la population sur le phénomène de changement climatique, et dénoncer les différents conflits rencontrés dans la zone, identifier les causes des conflits et leurs modes de résolution dans cette partie de la province, en vue d’envisager la résilience de la communauté locale.

Q/ vous êtes né en quelle année ?

R/ je suis né en 1968

Q/ Quelle est votre activité principale ?

R/ je fais l’agriculture comme mon activité principale, souvent l’agriculture de subsistance sur une petite superficie.

Q/Qu’est-ce qui fait à ce que votre activité ne soit pas prometteuse ?

R/Nous avons la présence des ennemis de la paix. En forêt nous faisons le champ, il y a la LRA et les Mbororo, tous ont des armes. Ils nous tuent facilement. Les rebelles de la LRA kidnappent les filles qu’ils amènent dans la forêt et font des enfants avec elles.

Q/ Vous consommez quelle eau ici et quel est votre besoin journalier ?

R/ Nous consommons l’eau aménagée dans la forêt, à une distance de 1 à 2 km, pour l’utilisation journalière. Nous avons besoin de 60 à 80 litres pour une maison de 7 personnes.

Q/ Combien de fois prenez-vous le repas par jour ?

R/ Nous mangeons une seule fois le soir et je dépense 10.000 FC par jour.

Q/ Est-ce que les enfants sont scolarisés ?

R/ Nos enfants ne sont pas scolarisés, le coût de frais scolaire s’élève à 8000 FC, mais je n’ai pas de moyen.

Q/ En cas de maladie, vous allez à l’hôpital ?

R/ Oui, nous pouvons aller à l’hôpital, mais on n’a pas le moyen d’acheter les médicaments.

Q/ Tu es née en quelle année et tu fais quoi comme activité pour ta survie ?

R/ Je suis née en 1985, je fais le jardin ou je cultive les cultures maraichères.

Q/ Y a-t-il la présence des étrangers ici chez vous ?

R/ Oui, ils sont présents, nous avons les migrants internes et externes (LRA, Mbororo, Hema, Nandes)

Lesquels ?

R/ parmi les migrants externes, nous avons : La LRA et les Mbororo qui nous amènent beaucoup des conflits dans notre territoire, LRA c’est un groupe armé venant de RCA qui tue sérieusement la population civile. Les Mbororo sont en complicités avec ce groupe armé.

Les migrants internes sont entre autres les Hema sont venus de la province de l’Ituri, ils sont accusés aussi de complicité avec les Mbororo, pour occuper illégalement les territoires congolais. Les Nandés sont venus de la province du Nord-Kivu eux sont des commerçants, ils n’ont pas de problème de cohabitation, afin nous avons les travailleurs congolais qui se retrouvent ici pour des raisons de service.

Q/ Qu’est-ce qu’ils tirent comme avantage chez vous ?

R/ Je ne sais pas s’il faut parler des avantages. Les rebelles LRA tuent, prennent nos filles de force, les amènent en forêt, pillent nos ressources. Les vaches de Mbororo dévastent nos champs, polluent l’eau et ces derniers nous tuent également. Nous sommes en insécurité permanente.

Q/ Quelle est la quantité d’eau que vous avez besoin par jour ?

R/ avec le nombre d’enfants, pour la consommation journalière et les usages domestique j’ai besoin de 120 litres/Jour, il nous faut parcourir une distance de 1 km pour d’approvisionner en eau et cette eau est de mauvaise qualité et nous expose à des maladies d’origines hydrique.

Q/ Vous mangez combien de fois par jour ? Et vous dépensez combien par jour ?

R/ La vie est devenue très chère, nous mangeons une fois par jour, le soir et nous dépensons 3000 FC. Le matin c’est facultatif si on trouve on mange, dans le cas contraire nous tous, même les enfants les moins âgés nous attendons le soir précisément vers 19 h, soit à 20h.

Q/ Est-ce que les enfants sont scolarisés ?

R/ Oui, nos enfants sont scolarisés, nous payons 2500 FC pour le primaire par mois et 6500 FC par mois pour le secondaire.

Q/ En cas de maladie vous allez à l’hôpital ?

R/ Oui, mais je ne suis pas en mesure d’acheter les médicaments.

Q/ Tu as quel âge ?

R/ Je suis né en 1990.

Q/ Tu fais quelle activité ?

R/ Je suis agriculteur, je fais le champ à 25 km dans la forêt.

Q/ Y a-t-il la présence des étrangers chez vous ici ?

R/ Oui, nous avons les Mbororo et la LRA. Les Mbororo ont des armes, une fois nous partions au chef-lieu de territoire, j’avais transporté une femme, arrivés au niveau de 4 km de Niangara, les Mbororo ont tiré sur nous et ils ont pris fuite dans la forêt. La femme qui était avec moi, était blessée, et nous avons fait 2 semaines à l’hôpital. Même du côté de la LRA, c’est la même chose.

Q/ Quel avantage tirez-vous de ces gens ?

R/ Il y a aucun avantage, ils doivent partir et quitter chez nous.

Q/ vous avez besoin de quelle quantité d’eau par jour ?

R/ 60 litres au moins et nous parcourons presque 1 km

Q/ Qui s’occupe de l’approvisionnement en eau ?

R/ C’est la maman

Q/ Les enfants vont à l’école ?

R/ J’ai 4 enfants, 2 seulement étudient et je paie 3500 FC par mois.

Q/ Souhaiteriez-vous qu’on fasse le transfert d’eau de la RDC vers le TCHAD ?

R/ Non, non, nous ici nous avons une crise d’eau.

Q/ Tu as quel âge ?

R/ Je suis né en 1984.

Q/ Quelle est ton activité principale ?

R/ l’activité principale est l’agriculture.

Q/ Y a-t-il des migrants ici chez vous ?

R/ Oui, les Mbororo et la LRA. Nos champs sont dévastés par les vaches de Mbororo, et nous perdons souvent nos biens et l’eau que nous consommons est polluée par les vaches. Nous nous déplaçons sur une distance de 1 à 2 km pour nous approvisionner en eau.

Q/ Quel est votre besoin journalier en eau ?

R/ 80 litres/J

Q/ Qui fait l’approvisionnement en eau ?

R/ C’est la maman.

Q/ Est-ce que les enfants vont à l’école ?

R/ Oui, je paie 3500FC par mois.

Q/ Est-ce que vous fréquentez l’hôpital en cas de maladie ?

R/ Oui, mais on n’a pas toujours les moyens.

Q/ Est-ce que nous pouvons transférer notre eau ?

R/ Non, jamais.

Q/ Tu as quel âge ?

R/ J’ai 18 ans.

Q/ Que ce que tu fais dans la vie pour la survie ?

R/ Je fais le jardin.

Q/ Est-ce qu’il y a les étrangers ici chez vous ?

R/ Oui, les Mbororo et la LRA.

D’ailleurs les rebelles de la LRA nous avaient arrêtés, nous étions avec notre papa, il nous avait amenés en forêt, ils ont tué notre papa à notre présence. Nous avons eu la vie sauve grâce aux Ougandais qui nous ont fait sortir de la forêt. Les Mbororo aussi sont très dangereux.

Q/ Vous êtes à combien à la maison ?

R/ Nous sommes à 15 personnes.

Q/ Est-ce que les enfants étudient ?

R/ Non, nous sommes les orphelins, on n’a pas l’argent.

Q/ Vous utilisez quelle quantité d’eau par jour ?

R/ 180 litres

Q/ Il y a un avantage sur la présence des étrangers ?

R/ Non, on ne voit aucun avantage, au contraire ils nous ont amenés beaucoup de problèmes.

13. Discussion de groupe avec la population de dans le quartier Lingunza

Q/ vous êtes née en quelle année ? Et quel est votre statut ?

R/ Je suis née en 1969, je suis mariée, mère de 7 enfants, mon mari est pasteur.

Q/ Vous êtes originaire de Niangara ?

R/ Non, je viens d’Isiro ? Je suis venu au travail.

Q/ Combien de temps avez –vous totalisé ici à Niangara ?

R/ J’ai 7 ans déjà.

Q/ Comment jugez-vous votre cohabitation avec la population locale ?

R/ La cohabitation est bonne, mais on a un petit souci de constater que la population utilise la forêt comme source de survie, aujourd’hui, notre forêt est occupée par la force négative LRA.

Q/ Quel est votre source d’approvisionnement en eau et quel est votre besoin journalier en eau ?

R/ Nous utilisons l’eau de la source, et nous parcourons une distance de plus de 15 minutes à pied, notre besoin journalier est de 140 litres par jour.

Q/ Est-ce que les enfants vont à l’école ? Et combien dépensez-vous par mois ?

R/ Oui, je dépense 3500 FC par mois.

Q/ Fréquentez-vous l’hôpital et combien dépensez-vous ?

R/ C’est facultatif. Si nous avons le moyen financier nous partons, dans le cas contraire nous recourons à des plantes traditionnelles.

Q/ Selon vous qui est à la base de l’insécurité ici dans la ville de Niangara ?

R/ La LRA, les Bawuda, les Mbororo.

Q/ Y-a-t-il un avantage avec l’arrivée de Mbororo et leurs vaches ?

R/ Non, au contraire les vaches de Mbororo détruisent nos champs.

Q/ Qu’est-ce que vous faites pour résoudre ce conflit ?

R/ Nous accusons auprès des autorités locales, mais nous ne sommes pas bénéficiaires, ce sont les autorités qui gagnent.

Q/ Avez-vous constaté les effets de changement climatique dans ce territoire ? Comment ?

R/ Oui, une longue saison sèche.

Q/ Comment jugez-vous le niveau de production halieutique (poissons) ce dernier temps ?

R/ La production de poisson a sensiblement baissé par rapport à l’ancien temps.

Q/ Vous faites partie d’une organisation ? Laquelle ?

R/ Oui, c’est la dynamique des femmes de Niangara.

Q/ Quel est votre état-civil ?

R/ Je suis veuve, mère de 3 enfants.

Q/ Qu’est-ce que vous faites pour nourrir vos enfants ?

R/ Je fais le jardin, je suis également membre de dynamique des femmes de Niangara. Pour manger, je dépense 450 FC par jour et nous mangeons une seule fois le soir.

Q/ Quelle est votre activité principale ?

R/ Je fais la production de braise.

Q/ Vous vendez à combien un sac de braise ?

R/ 8000 FC

Q/ Quelle est la distance parcourue par rapport à votre lieu de travail ?

R/ 2,5 Km.

Q/ Quel est le moyen de transport utilisé ?

R/ Vélo

Q/ Combien de fois mangez-vous par jour ?

R/ Une fois, le soir.

Q/ Vous avez la présence des migrants ici à Niangara ? Lequel ?

R/ Oui, les étrangers Mbororo et les Hema qui viennent de l’Ituri.

Q/ Quel est le niveau de la cohabitation avec eux ?

R/ Mauvaise.

Q/ Quel est votre état civil ?

R/ Je suis marié, père de 8 enfants.

Q/ Comment vous faites pour la suivie des enfants ?

R/ Je vis difficilement pour le moment. Je vis grâce à mes enfants, je suis fonctionnaire de l’état au TP comme magasinier, mais on ne me paye pas. Je fais de petit jardin devant ma parcelle. De fois, je coupe le bois de chauffe, que je vends par botte à 200 FC.

Q/ Est-ce que vous fréquentez l’hôpital en cas de maladie ?

R/ Non, si je sens la malaria, j’utilise la citronnelle que je mélange avec les feuilles de papaye et les feuilles d’avocatier.

Q/ Quel est votre état civil ?

R/ née 1960, marié, père de 2 enfants.

Q/ Qu’est-ce que vous faites pour nourrir les enfants ?

R/ Je fais le petit jardin, ensuite je coupe le bois de chauffe que je vends à 200 FC.

Q/ En cas de maladie, vous vous rendez à l’hôpital ?

R/ Non, pour le moment, je suis malade, j’ai la hernie mais je n’ai pas le moyen d’aller à l’hôpital.

Q/ Vous utilisez quel moyen de transport pour amener les bois ? Et à quelle distance ?

R/ La distance est de 100 m, je transporte à la tête.

Q/ Quel est votre état civil ?

R/ Je suis né en 1963, j’ai 4 enfants et plus de 10 neveux.

Q/ Qu’est-ce que vous faite pour la survie des enfants ?

R/ je suis agriculteur, j’ai mon champ à une distance de plus ou moins 40 km. Si j’y vais, je fais un mois.

Q/Quelle est votre habitude alimentaire ?

R/Souvent nous mangeons le manioc accompagné de feuilles de manioc.

Q/ Quel est votre besoin journalier en eau ?

R/ Nous avons besoin de 120 litres.

Q/ Quel est votre état civil ?

R/ je suis marié, mère d’un enfant, j’ai 24 ans.

Q/ Quelle est votre province d’origine ?

R/ Je suis de territoire de Wamba, mon mari est de Niangara.

Q/ Comment jugez-vous votre cohabitation ?

R/ Nous avons une très belle cohabitation.

Q/ Combien dépensez-vous par jour pour la nourriture ?

R/ 10000 FC, la vie est devenue très chère, à cause des éleveurs Mbororo et Hema.

Q/ Avez-vous constaté le changement climatique ?

R/ Oui, une longue saison sèche.

Q/ Quel est votre état civil ?

R/ Je suis née en 1966, je suis veuve et mère de 8 enfants.

Q/ Qu’est-ce que vous faites pour la survie ?

R/ Je fais l’activité agricole.

Q/ Qu’est-ce que vous faites face à ce conflit ?

R/ Nous allons chez l’autorité locale pour accuser mais souvent nous sommes les perdant, c’est l’autorité qui en bénéficie.

Q/ Quel est l’avantage que vous tirez de la présence des Mbororo et Hema ?

R/Il n’y a aucun avantage, au contraire ces gens nous mettent en difficultés, ils doivent quitter notre sol.

Q/ Quel est votre état civil ?

R/ Je suis marié, mère 2 enfants.

Q/ Quelles est votre activité principale

R/ je fais l’agriculture de subsistance comme activité principale

Q/ Quelle est la difficulté rencontrée dans votre agriculture.

R/ Nous faisons l’agriculture en forêt, aujourd’hui notre forêt est occupée par la force négative LRA. Les petits jardins que nous faisons devant nos parcelles sont dévastés par les vaches des éleveurs Héma.

Q/ Avez-vous constaté le changement climatique ?

R/ Oui, une longue saison sèche.

Q/ Combien de fois mangez-vous par jour ?

R/ Nous mangeons, une seule fois par jour, et c’est le soir.

Q/ Vous consommez quelle eau ? Et combien de litre par jour ?

R/ L’eau de la source, j’ai besoin de 100 litres par jour.

Q/ Souhaitez –vous qu’on fasse un transfert d’eau vers le lac Tchad ?

R/ Non, nous souhaitons que les Mbororo et Hema rentrent chez eux.

Q/ Il y’a-t-il un avantage de ces éleveurs ?

R/ Non, non





3. Thèmes et messages contenus dans l’enregistrement



Le principal thème évoqué est :

1 Les activités socio-économiques et l’accès aux infrastructures des bases.

Message spécifique par rapport aux thèmes exploités :

Les activités socio-économiques et l’accès aux infrastructures des bases, L’âge minimum de répondant est de 34 ans, et le maximum est de 51 ans. Le mariage est toujours précoce, ce qui fait que le ménage qui a moins d’enfants en a 4, et celui qui a plus en a 10. Sur l’accès aux infrastructures des bases, la plupart des enfants n’étudient pas à cause de la pauvreté des parents, ils sont utilisés pour accompagner les parents aux champs. La fréquentation aux soins de santé est dérisoire, les parents recourent aux plantes traditionnelles, telles que les Lumba Lumba, citronnelles, etc. Pour une famille de 10 enfants, les parents dépensent la moyenne journalière de 6000fc, équivalant de 4 dollars. Le repas n’est donné qu’une seule fois au soir. Pour l’accès à l’eau, la population fait recours à l’eau de la source, qui se trouve à plus ou moins deux kilomètres de marche. Il n’y a pas une source d’eau aménagée dans le village Nabia. Le niveau d’éducation est au maximum un diplômé d’Etat, mais plusieurs cas d’analphabétisation. La population de manière générale, vit de l’agriculture. Le besoin d’eau reste une priorité. Une famille de dix enfants a besoin de 100 litres d’eau par jour pour la consommation et l’usage domestique. Les femmes sont exposées et victimes de plusieurs viols et violences suite à la présence de LRA et Mbororo qui créent un climat d’insécurité. A cause de la pauvreté, la majorité des femmes mettent au monde à domicile, à l’exception de quelques rares cas qui s’y rendent aux centres de santé.

Pertinence de message : Le taux de la fréquentation aux infrastructures de bases est largement faible à cause du niveau de pauvreté de la population. Une famille de dix enfants vit avec moins de quatre dollars par jour. L’insécurité créée par la présence des Mbororo, de la LRA voire des éleveurs Hema, rendent la vie difficile à ces populations. L’autonomisation des femmes est mise en cause.