Contexte et justification

de l'Ecole Régionale de l'Eau

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L'importance de l'eau ne peut être assez soulignée. L'eau est non seulement vitale pour la population humaine en termes des besoins domestiques, mais elle est aussi directement et indirectement liée à beaucoup d’autres domaines tels que l'agriculture, l'énergie, l'environnement, le tourisme, la recréation, l'économie et la santé. Garantir la durabilité de cette ressource est devenu une préoccupation globale, et c'est pourquoi le renforcement des capacités en matière des ressources en eau est hautement nécessaire. 

Le region du Bassin du Congo est situé au cœur de l’Afrique et est partagé par neuf pays riverains. Du point de vue hydrologique, le Bassin du Congo est le deuxième plus grand bassin fluvial du monde, après celui de l'Amazone. Il génère un volume d’eau annuel d’environ 1300 milliards de m3 à son exutoire, ce qui représente plus de la moitié du débit total du continent africain (Tshimanga, 2012). Le Bassin du Congo offre des opportunités pour la production et la satisfaction de nombreux biens et services, dont l'agriculture et la sécurité alimentaire, la pêche, l'hydroélectricité, l'approvisionnement en eau, le transport et le maintien des écosystèmes aquatiques. Dans l'ensemble, le bassin a le potentiel de jouer un rôle de premier plan dans la coopération régionale en vue de réduire la pauvreté, tout en offrant des moyens de subsistance et des opportunités de revenus aux communautés.

Les questions du potentiel en ressources en Eau de la RDC et du Bassin du Congo ont été abordées à plusieurs égards.  La région est confrontée à de multiples défis liés à l'eau, notamment l’absence de connaissance adéquate sur la dynamique de l’eau, sa distribution dans le temps et l’espace, les interactions dont elle fait l’objet, ainsi que la façon dont nos efforts devraient être coordonnés pour améliorer la sécurité des approvisionnements et assurer sa durabilité. 

Bien que le nombre, la complexité et la gravité des problèmes liés à l'eau continuent d’accroître, l'investissement dans la formation et le renforcement des capacités nécessaires pour développer une meilleure compréhension de la dynamique des ressources en eau et améliorer l’accès à leurs services fait cruellement défaut. En effet, il n'y a pas de processus coordonné pour considérer les besoins de formation en ressources en eau, les hiérarchiser à des fins de financement, ou pour évaluer l'efficacité des programmes de formation. Les besoins de renforcement des capacités pour la gestion durable des ressources en eau ont été évalués à travers différents rapports, mais la mise en œuvre demeure difficile, en partie en raison de l'absence d'une stratégie d'appui solide. La réalisation du développement durable et de la croissance inclusive en RDC et dans la région du Bassin du Congo serait largement compromise si les ressources en eau ne sont pas gérées et utilisées de manière durable, intégrée et efficiente. Alors que les pays de la région du Bassin du Congo s'efforcent d'améliorer la stabilité politique, économique et sociale, le besoin de la sécurité des approvisionnements en eau va prendre de plus en plus d'importance.

Si cet aspect est négligé, il existe des risques de conflits :

  1. au sein des communautés - en raison d'un manque d'accès aux services des ressources en eau
  2. entre les pays - en raison de l'absence d'accord sur le partage transfrontalier des ressources en eau et
  3. entre les groupes sociaux en raison d'un partage des ressources en eau perçu comme non inclusif et équitable (justice distributive).

Ceci nécessite, par conséquent, des actions concertées et orientées vers la recherche innovante et le renforcement des capacités afin de promouvoir une utilisation harmonieuse et efficiente de la ressource eau de la RDC et de la région du Bassin du Congo.

En Novembre 2013, un atelier sur les besoins de formation et de recherche en ressources en eau du Bassin du Congo avait été organisé à Kinshasa par CB-HYDRONET et le Département de Gestion des Ressources Naturelles de la Faculté des Sciences Agronomiques de l’Université de Kinshasa et leurs partenaires Cap-Net PNUD et GWP-CAF. Les résultats de l’atelier avaient montré que :

  • Le secteur de l'eau en général souffre d'un manque de personnel qualifié pour entreprendre des actions de planification et de développement des ressources en eau.
  • Les universités ainsi que d’autres institutions de l’enseignement supérieur du pays donnent des formations à caractère introductif en sciences de l’eau dispensées en deuxième cycle, qui ne suffisent pas pour conférer aux apprenants des connaissances suffisantes leur permettant de faire face avec efficacité aux nombreux problèmes de l’eau qui se posent au pays tels que le suivi hydrométéorologique et climatologique pour évaluer la disponibilité de l’eau et sa distribution dans le temps et l’espace, les aménagements hydrauliques pour la mobilisation des ressources en eau de surface et souterraines en vue d’optimiser la production, l’aménagement des voies navigables et de desserte agricole pour faciliter l’écoulement des produits agricoles, la mobilisation de l’eau et l’énergie pour l’industrie de transformation alimentaire et la chaine de valeur des produits agricoles, les aménagement hydrauliques et la protection des bassins versants pour assurer la fonction de production de l’eau et la lutte contre la pollution des cours d’eau, le suivi des inondations et de sècheresse, l’économie de l’eau, la production halieutique, le noyage des mines et carrières, le drainage des eaux urbaines, etc.
  • Divers programmes éducatifs ont été mis en place en collaboration avec des partenaires régionaux et internationaux, dont WATERNET, où les étudiants entreprennent leurs études à l'étranger dans des disciplines liées à l'eau, mais cela ne contribue pas à atteindre une masse critique des besoins professionnels en matière de l’eau au niveau national.
  • La plupart de ces programmes éducatifs au niveau régional ou international sont tenus en Anglais, et la barrière linguistique a également été épinglée comme un obstacle majeur à la réussite de ces programmes pour les ressortissants de la RDC, qui est un pays francophone.
  • Le rôle des agences internationales de développement dans l’appui au renforcement des capacités à travers l'éducation et la formation reste difficile à évaluer, car il semble n'y avoir pas d’impact direct sur le terrain. Du point de vue des répondants, il n'y a pas de stratégies claires pour les ressources humaines ou le renforcement des capacités institutionnelles, ce qui montre clairement un problème avec la politique nationale de mise en œuvre de la GIRE pour aider à atteindre la vision africaine de l'eau.
  • L' atelier avait recommandé qu'un programme national de formation soit conçu et mis en œuvre pour l'éducation et la formation en mettant l'accent sur des profils spécifiques de l'eau aux niveaux universitaire et post-universitaire, le développement des centres d'excellence pour la création des capacités dans les disciplines liées à l'eau, la consolidation du rôle des réseaux de renforcement des capacités existants dans le domaine de l'eau afin d’encourager le partage d'informations et la mise en œuvre des activités de renforcement des capacités professionnelles.


Une autre initiative sur l'évaluation des besoins en renforcement des capacités a été conduite par le Centre Régional pour la Gestion Intégrée des Bassins Versants et l'Institut National des Ressources en Eau du Nigeria, dans le cadre du Programme International d'Hydrologie de l'UNESCO (AWaCaB). Grâce à cette initiative, une évaluation a été réalisée en RDC avec comme objectif global de déterminer les besoins en renforcement des capacités des professionnels et des institutions de formation dans le domaine de l’eau pour faire face aux défis de l'eau en Afrique. Les Figures 1 et 2 présentent un résumé des compilations des avis des répondants sur un échantillon de 14 institutions enquêtées.

Catégorie des professionnels qui travaillent dans des institutions du secteur de l’eau en RDC (Source AWaCaB, 2014)

Les besoins en termes de formation en ressources en eau en RDC (Source AWaCaB, 2014)

Au regard des préoccupations susmentionnées sur les besoins en renfoncement des capacités dans le secteur de l’eau, un atelier avait été organisé du 04 au 05 avril 2018, dans la salle de conférence de l’Hôtel Léon, par le Département de Gestion des Ressources Naturelles de la Faculté des Sciences Agronomiques à travers son Centre de Recherche en Ressources en Eau du Bassin du Congo (CRREBaC) en collaboration avec WATERNET, le Réseau de Renforcement des Capacités en Ressources en Eau de SADC (Photo 1).


Cet atelier qui avait pour but d’ouvrir la voie à la mise en œuvre d'un programme de Master en Ressources en Eau en RDC, avait connu la participation de 48 personnes représentant 22 institutions impliquées dans les questions de l’eau, notamment les universités et institutions de recherche, les services hydrométéorologiques nationaux, les départements de gestion des ressources en eau, les services d’approvisionnement de l’eau, les ONGs, les organisations des bassins versants, et les institutions internationales de coopération bi-multilatérales (Tableau 1). 

L’approche méthodologique utilisée durant la tenue de l’atelier avait consisté à des présentations et discussions en plénière sur les thématiques pertinentes à la problématique de renforcement des capacités en ressources en eau, et les travaux en groupes, tous orientés vers l’obtention des résultats en termes des objectifs prédéfinis. Les différentes présentations thématiques avaient concerné les points ci-après :

  1. Etat des lieux de la disponibilité, accès et développement de l’eau en RDC : enjeux et défis majeurs ;
  2. Expérience de la mise en œuvre du programme Anglophone de Master en Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE) dans la région de SADC ;
  3. Evaluation des besoins en renforcement des capacités dans le secteur de l’eau ;
  4. Présentation du Centre de Recherche en Ressources en Eau du Bassin du Congo (CRREBaC) comme cadre technique d’expertise en ressources en eau ;
  5. Les Métiers de l’Eau.

Les résultats obtenus à l’issue de cet atelier se résument tels que présentés ci-après :

  • Le contexte régional du programme WATERNET et l’opportunité de l’adapter au programme de Master pour la RDC et la région francophone sont définis ;
  • Le cursus de Master qui correspond aux besoins du pays et de la région, et qui ajoute de la valeur aux spécialisations existantes est conçu ;
  • Les ressources humaines, financières et techniques nécessaires pour soutenir la mise en œuvre du programme de Master en langue française en RDC sont inventoriées et les mesures pour combler les lacunes identifiées ;
  • Les utilisateurs finaux et la manière dont le programme de Master peut aider à répondre à leurs besoins et acquérir des apports des parties prenantes sont identifiés ;
  • La feuille de route pour la mise en œuvre du Programme Francophone de Master en Ressources en Eau est élaborée.

Catégories des institutions ayant pris part à l’atelier Parties prenantes sur la mise en œuvre du programme de Mater en Ressources en Eau en RDC, Kinshasa 04-05 avril 2018

De cet atelier, il a été recommandé au CRREBaC ce qui suit :

  1. Travailler immédiatement à la mobilisation des ressources financières et humaines adéquates pour la mise en œuvre de sa politique ;
  2. Faire valider les programmes des enseignements tel que conçu dans une durée raisonnable ;
  3. S’informer sur le fonctionnement des autres programmes similaires qui ont lieu au niveau régional et au niveau international pour y tirer des leçons ;
  4. Consulter le comité de gestion du programme de Master organisé à la faculté des sciences économiques de l’UNIKIN sur la gestion des politiques économiques pour avoir des amples informations sur les modalités de leur fonctionnement ;
  5. Mettre en œuvre un plan de sensibilisation et de médiatisation de l’évolution de la mise en œuvre du programme et des activités connexes à l’immédiat ;
  6. Etablir un partenariat de collaboration avec les usagers tel que le cas du bassin de la rivière Lukaya.


l’atelier sur la mise en œuvre du programme de Mater en Ressources en Eau en RDC, Kinshasa 04-05 Avril 2018