Fiche de transcription N°14

DIPLOMATIE REGENIONALE ET DEFIS DU TRANSFERT D’EAU ENTRE LES BASSINS DU CONGO ET DU LAC TCHAD

Transcription par : JULES BEYA

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Projet concerné : CEMiC

  • Axe de recherche d'attache du réalisateur

  • Période
    20 juillet - 20 Septembre 2019

Date de réalisation : 21/09/2021

  • Timing : 2 mois

1. La carte d’identité de l’enregistrement

Titre du fichier

  • Longueur du fichier en minutes : 2h:40'

  • Réalisateurs(trices) : NABINTU FRANCINE

  • Personne(s) ressource et fonction :


  • Type de fichier Audio

  • Langue(s) utilisée(s) Swahili - Francais

  • Lieu de l'enregistrement Bunia

2. Contenu de l'enregistrement



L’entretien avec les chefs d’avenues et des localités pour prendre des avis face aux problèmes des de déplacés, il s’agit de donner des points de vue sur ce qui peut aider les chercheurs à orienter leurs travails de prise de décision dans le travail de recherche.

Thème : Vie sociale et active

Thème : Changement climatique

Q/ Y-a-t-il signe de changement climatique dans la contrée ?

R/ - Il y a l’avancée de la savane, déboisement systématique de la forêt par les déplacés venus de Nord-Kivu, ils coupent des bois pour l’énergie et la braise, de bois de planche, etc. et cela porte préjudice à des plantations de reboisement laissées par les blancs, des caféiers, des palmerais, et des parcs des arbres pour l’exploitation industrielle. Surtout le déboisement de Mont Bleu est une cause qui semble être à la base de changement totale du système climatique de la région.

- Ce déboisement est la cause principale de la prolifération de la savane herbeuse, diminution des pluies, changement total des saisons, augmentation des températures, diminution de production agricole, tarissement des sources d’eau qui change de la quantité disponible et de mauvaise qualité.

Q/ Quels sont les avantages et des déplacements des populations ?

R/ Il n’y a aucun avantage, il y a augmentation de la crise, la dépravation des mœurs, l’augmentation de la population influe sur la diminution de l’eau dans la ville de Bunia. De fois, les assaillants arrivent à couper l’eau qui alimente la ville de Bunia.

- il y a diminution de la quantité d’eau suite à l’afflux des migrants, suite à la sécheresse, suite à la coupe systématique des bois sont les grandes vulnérabilités aux quelles est exposée la ressource eau en Ituri.

Q/ Que représente le migrant pour les habitants d’Ituri ?

R/ - Les migrants sont une menace, ils envahissent nos terres et rendent le milieu dure et difficile d’habiter.

Même si ces gens font du commerce ou des champs, ils ne payent pas de taxes, ils font échapper des bénéfices à la province, ils ne nous font rien bénéficier.

Ces gens ne se font pas soigner dans les hôpitaux locaux, ils intoxiquent même la population en disant qu’il n’y a pas d’Ebola et ce sont eux qui meurent plus de cette maladie contagieuse.

Q/ Est-ce que le changement climatique a-t-il impulsé la division du travail dans la province de l’Ituri ?

R/ Non ici, à Bunia la culture pèse beaucoup dans nos mœurs, les femmes font toujours leurs travaux traditionnels et les hommes aussi.

Q/ Des hommes et des femmes, qui mettent beaucoup de pressions sur les ressources naturelles ?

R/ Dans la plupart des cas, ce sont des hommes

Q/ Quelles les ressources de la province ?

R/ - Nous avons l’eau (Ituri, Nyamugaru, Shari, Lac Albert, Tinda, talolo, Botoko, Ndoya, Tshe, Tchuru, Nizi, etc.), la terre est très fertile et n’exige même pas d’amendement de sol. La population n’a besoin que de la paix pour survivre.

- Depuis l’époque coloniale, le peuple Hema était initié à pâturer dans les pâturages collectifs, et ils sont regroupés dans l’ACOPELI. Mais aujourd’hui il y a des peuples qui soulèvent des conflits et chassent les Hema, ils volent les vaches et aujourd’hui les Hema ont déplacés leurs vaches vers Isiro et à Bunia il n’y a plus de vache.

- Donc les problèmes de l’Ituri sont multiples, les pillages des bœufs, les tueries organisées, de dépeuplement des vaches de la contrée pour appauvrir la province.

Q/ Est-ce que vous les chefs vous contrôlez les déplacés comme il se doit ?

R/ pour les déplacés internes, il est difficile de les contrôler, mais les déplacées externes sont ceux que nous sommes appelés à contrôler et leur donner des exigences du pays. Mais nous rendons compte que nous commettons des erreurs, il est alors bien que le gouvernement trouve des mesures strictes de contrôle de tous ceux qui se déplacent comme nous étions du temps de Mobutu.

Thème : Les origines des venants et les itinéraires des migrants

Q/ Il y a des déplacés que nous avons trouvé à Bunia, quels peuvent être les itinéraires probables qu’ils ont suivis pour arriver à Bunia ?

R/ - Il y a des déplacés internes et externes. Lorsque l’afflux des réfugiés se manifeste dans un milieu, ce sont les familles d’accueil qui sont les plus touchées.

- Il y a 3 vagues des migrants, la première est constituée des Banya-Buisha venant de Bukavu prétextant qu’ils sont venus à la recherche des terres arables, ils sont en réalité des Hutus rwandais qui sont venus s’implanter à Bunia précisément dans les contrées de Boga, Walu, Mungwalu, etc. Le plus grand danger que nous notions dans cet avènement est la présence des génocidaires Hutu rwandais parmi eux. Ils vivent de petits commerces qui ne sont pas de nature à faire vivre des gens. Il est alors arrivé que les crimes aient commencé à se faire commettre, ce qui implique carrément la participation intense de ces peuples. Depuis un certain temps, on y remarque le cas d’égorgement des populations, viols des femmes, et kidnapping des jeunes, etc. Nos députés qui avaient tenté de s’opposer étaient tout simplement tués ou intimidés pour obtenir leur silence.

La 2e vague, ce sont des déplacés venus de Nord-Kivu, qui ont fui les tueries des ADF NALU et ce sont eux qui sont devenus de grands commerçants, taximen et même ceux qui entretiennent des boîtes de nuit et des maisons de prostitution. Toutes ces activités se passent en complicité avec les autorités des services publiques parmi lesquels les policiers, l’ANR, DGM, Femmes militaires et militaires, etc. ils sont à Mambasa, Komanda, ici à Bunia, etc. Ces déplacés qui sont à la base de cette dépravation des mœurs en complicité avec les autorités de l’état.

Migrants de territoire de Djugu qui immigre dans le territoire d’Irumu. Il y a des assaillants qui sont dans les déplacés, il y a une forme de génocide planifié et organisé. Les Lendus sont utilisés pour massacrer les Hema et les Alurs, et voire d’autres tribus. Nous croyons que c’est la convoitise de nos richesses qui est à la base de ces tueries, le but étant de dépeupler la population de l’Ituri pour pouvoir exploiter avec aisance nos richesses.

Les migrants Mbororo nous avaient révélé qu’ils viennent du lac Tchad, du Soudan, de la RCA, du Niger, de la Libye et de beaucoup de pays d’alentours.

Q/ Quelles sont les difficultés que rencontrent les déplacés dans leurs mouvements ?

R/ - Ils sont obligés de marcher la nuit de peur qu’ils ne marchent pas le jour et qu’ils soient appréhendés par les criminels et qu’ils soient tués.

Ils sont nus de fois et sans rien, ils marchent des jours et des jours, s’épuisent et meurt de faim, la mendicité, la non scolarité, séparation des familles, etc.

Ils sont de tout âge, mais la mortalité est surtout intense chez les enfants de moins de 5 ans et des vieillards.

Le grand regret est que les gens meurent de faim, des crimes, de brutalité des autres, mais c’est Ebola qui est plus chanté. Bien qu’Ebola soit là, il y a une forme de distraction avec cette histoire d’Ebola.

Il y a depuis une semaine, les déplacés d’Irumu. La population est massacrée ici et il y a des déplacés internes en grand nombre.

Il y a des assaillants dans chaque village, 6000 étaient recrutés pour être formés et devenir des tueurs mais après l’attaque de l’armée régulière, ils sont tous rentrés chez eux. Tous les villages qui nous entourent sont pleins de CODECO (Coalition de peuples pour la libération du Congo, Dieshi la hokovo en swahili). Le mode opératoire est l’église de réveil juste une forme de Djihad.

Les Mbororo n’existent pas ici, ils ont détruit des champs avec leurs cheptels et ils sont partis. Les Mbororo attaquent tous ceux qui sont résistants à leur avancée. Ils ont tué beaucoup de gens ici, mais nous ne les connaissons pas comme génocidaires à comparer avec les tueurs internes depuis décembre 2017 jusqu’à ce jour. Les peuples les plus attaqués sont les Hema et Alure et il y a plus de 4000 tués chez les commerçants Hema. D’autres tueries sont pour piller les minerais.

Thème : Mode de résolution des conflits

Q/ Comment résolvez-vous vos problèmes ou conflits ?

R/ - Les grands conflits surgissent souvent entre Lendu et Hema, et d’autres tribus s’arrangent derrière une ou l’autre tribu. Ces conflits sont très mal gérés, depuis le temps colonial on a toujours parlé réconciliation de 1910, 1925, ainsi de suite mais ça n’a jamais trouvé des solutions efficaces aux conflits entre ces peuples. Nous croyons que le dialogue peut résoudre ce problème. Toute fois nous savons qu’actuellement, les tireurs des ficelles de ces conflits sont à Kinshasa, les politiciens sont à la base de ces problèmes qui coutent la vie à des milliers des personnes car eux ils tirent profit.

- Nous recommandons aux enquêteurs ou à votre projet de trouver le parlementaire de l’Ituri que l’on appel que Irashi, il va bien vous renseigner sur les réalités des conflits en Ituri.

Thème : Les relations avec les venants

Q/ Est-ce que vous pouvez accepter que vos enfants se marie avec les migrants ?

R/ Nous ne pouvons pas empêcher les jeunes de se marier, la civilisation moderne nous recommande de respecter les choix des peuples.

Thème : Question Genre

Thème : Transfert d’eau

Q/ Avez-vous déjà entendu parler du transfert d’eau ? Etes-vous d’accord avec le transfert d’eau ?

R/ - Si ça ne dépendait que de nous petit peuple nous dirions non. L’eau qui pensé être transférer partira de RCA, mais retenez que cette rivière Oubangui tire son origine de Uélé qui de Alure-Djuganda qui est une rivière très riche en minerais d’or, vous imaginez-vous si l’eau est transférée quelles pourrons être les conséquences, et combien des richesses nous aurons à perdre. Nous ne croyons pas que c’est une bonne idée, car en déviant cette eau, il y aura diminution du débit du fleuve Congo. Avec tout ce que nous connaissons comme problème de déboisement, nous allons déstabiliser notre environnement et le fleuve risquera de ne pas nous rendre service tel qu’attendu.

Toutefois, à la différence des peuples Mboute, les chefs qui sont pour la plupart des Hema, semblent craindre le vent de la guerre, certains pensent qu’il faut bien quantifier les besoins, prévenir les catastrophes naturelles, éviter de déboiser abusivement nos forêts, nous faire savoir combien les Tchadiens ont besoin de l’eau. Nous devons savoir gérer, nous pouvons donner de l’eau à cette population mais si nous gérons bien notre eau, nous pouvons donner de l’eau à toute l’Afrique et nous ne déstabilisons rien dans notre environnement. Notre pays est géré par des étrangers et c’est pourquoi nous sommes toujours en guerre et en problème.

- Nous avons l’exemple de la plaine autour du lac Albert où tous les animaux ont fui vers l’Ouganda, car là les forêts sont sécurisées et les animaux sont en paix, mais nous congolais, à cause de notre mauvaise gestion, nous ne pouvons pas réussir à donner l’eau. Mais toutefois, si nous gérons bien nos ressources nous allons réussir à devenir très riche et coloniser l’Afrique.





3. Thèmes et messages contenus dans l’enregistrement


Thèmes principaux : Transfert d’eau, Relations avec les venants, Mode de résolution des conflits, Origine des venants et les Itinéraires des migrants, Ressources naturelles de la province et Changement climatique.

Message spécifique par rapport aux thèmes exploités : Un groupe refuse catégoriquement l’idée de transfert d’eau, tandis qu’un autre accepte moyennant certaines recommandations pour éviter les guerres ; les venants ne sont pas bien contrôlés et ne sont pas avantageux pour la province, les conflits nécessitent un dialogue ; les déplacés viennent de plusieurs origines tant internes qu’externes ; L’Ituri est très riche en ressources naturelles et le changement climatique est une réalité qui se manifeste déjà avec beaucoup de sérieux.

Pertinence de chaque message : Un transfert d’eau sous conditions de bonne gestion de la ressource interne afin de générer les capitaux et rendre le pays fort sur le plan diplomatique ; organisation d’un dialogue souverain de la population pour une paix durable ; régulation systématique de la circulation de la population et de leurs biens tant à l’interne qu’à l’externe du pays ; assurance d’une paix durable pour la mise en valeur des richesses du pays.