Fiche de transcription N°16

DISCRIMINATION DES PEUPLES AUTOCHTONES PYGMEES A LA PRISE DE DECISION 

Transcription par : JULES BEYA

Ajoutez une description de menu.

Projet concerné : CEMiC

  • Axe de recherche d'attache du réalisateur

  • Période
    20 juillet - 20 Septembre 2019

Date de réalisation : 04/10/2021

  • Timing : 2 mois

1. La carte d’identité de l’enregistrement

Titre du fichier

  • Longueur du fichier en minutes : 1h:40'

  • Réalisateurs(trices) : NABINTU FRANCINE

  • Personne(s) ressource et fonction :


  • Type de fichier Audio

  • Langue(s) utilisée(s) Swahili

  • Lieu de l'enregistrement Réserve de Faune à Epulu

2. Contenu de l'enregistrement

Thème : Vie sociale et active

Q/ Quelles sont vos principales activités ?

R/ - Nous pygmées vivons avec notre travail traditionnel qui est la chasse, et comme la forêt est fermée nous sommes obligés à faire des travaux journaliers tel qu’aider les bantous aux travaux de champs, de maçonnerie, des travaux d’extraction de miel, coupe de liane pour la construction des maisons et de petits travaux semblables, etc.

Il y a aussi des pêcheurs parmi nous, mais il y en a qui mettent des poisons dans l’eau pour tuer des poissons malgré l’interdiction de cette forme de pêche considérée comme illicite et cela est source de revenu pour nous (Vulnérabilité).

Q/ Quelle religion pratiquez-vous ?

R/ Beaucoup parmi nous sont animistes, quelques-uns sont musulmans, d’autres chrétiens protestants.

Thème : Changement climatique

Q/ Remarquez-vous des changements dans votre système climatique ? Et vos activités de prédilection pour la survie ne sont-elles pas affectées par ces bouleversements ?

R/ - Les forêts se brulent, la récolte des produits de champs est devenue très médiocre ; les chasseurs ne voient plus des gibiers, lorsque la forêt est sèche il n’y a presque pas circulation des animaux en forêt.

En plus, la situation est exacerbée par l’afflux des venants, essentiellement les bantous qui ont envahi notre milieu et la forêt est encombrée et rend rare nos avoirs de la forêt.

Il y a des braconniers armés et des groupes rebelles qui font aussi beaucoup de pression sur la forêt et les animaux. Les rebelles eux nous tuent si nous manquons à leur donner et ils sont souvent du côté de Bandaka au-delà de la rivière Ituri ; mais les chasseurs eux demandent souvent à manger, mais avec leurs pièges et les armes calibres douze, ils épuisent la forêt. Ces chasseurs sont surtout une menace à partir du moment qu’ils font usage des fétiches et épuisent les gibiers.

Theme : Les origines des venants

Q/ Quelles sont les origines de tous les venants qui viennent vous envahir ici ?

R/ Ces chasseurs viennent pour la plupart de Badenga-Ido, les rebelles les plus criminels viennent du côté de l’Ituri. Badenga-Ido est un grand centre de négoce d’or, et il y a plusieurs chefferies qui se mélangent là. La carrière d’or de Mutshatsha est le grand attrait de tous les venants. Les gens viennent de partout au pays. Kisangani, Nord Kivu, Kinshasa, Isiro, Bunia, Bukavu, ils sont essentiellement à la recherche de l’or, du diamant, des gibiers. Mais il y a aussi des réfugiés qui fuyaient des groupes armés depuis 2012, 2016, ainsi de suite.

Q/ Quelle peut être la cause des déplacements massifs de la population ?

R/ La guerre, la souffrance dans leurs milieux d’origine, les conflits ethno tribaux.

Thème : Les inconvénients

Q/ Les points négatifs de l’avènement des venants ?

R/ L’envahissement de la forêt, les épidémies, la prostitution des jeunes filles, la violence sexuelle, des mariages forcés, etc.

Thème : Les avantages des venants

Q/ Que remarquez-vous comme avantage ?

R/ Dans la plupart de cas, il n’y a pas d’apport positif, sauf que des échanges commerciaux, mais souvent les échanges par troc font que nous soyons toujours perdants. Ils nous ont apporté de l’huile et les presses à huile qui est un avantage.

Thème : Question Genre

Q/ Travaux septiques entre les hommes et les femmes ?

R/ - Les femmes ne peuvent pas monter sur les arbres pour collecter le miel, elles ne peuvent pas couper les noix, c’est l’affaire des hommes ;

Les hommes ne peuvent transporter les charges, ils ne peuvent pas puiser de l’eau, ils ne peuvent pas cuisiner, ça s’est réservé aux femmes.

Q/ Quel est l’apport des femmes pour la survie des ménages ?

R/ Les femmes nourrissent plus les familles que les hommes, elles coupent la paille et vendent pour avoir des revenus, elles cherchent du bois, elles font l’essentiel des travaux pour soutenir les foyers plus que les hommes.

Q/ Les femmes participent-ils aux groupes associatifs ?

R/ Oui, elles participent beaucoup aux mouvements associatifs.

Q/ Y a-t-il conflit entre pygmées et autres groupes ethniques et comment cela est-il réglé ?

R/ Oui, il y a conflit, ça se règle d’abord au niveau des chefs de localité, s’il n’y a pas de résolution pacifique, le différend est envoyé à la police. Les conflits sont souvent dus aux problèmes de dette, les Mboute ou pygmées contractent souvent des dettes et sont des mauvais payeurs ; le problème des femmes, les bantous ne veulent souvent pas marier honnêtement les femmes Mboute en donnant la dot pour permettre que les garçons Mboute se marient aussi, mais un bon mariage ne pose pas problème ; l’autre grande source de conflit est la menace des hommes armés en forêt contre le Mboute, car les Mboute est engagé comme garde parc, et il est considéré par les autres comme étant complice des organismes qui empêchent aux autres de tuer les gibiers dans le parc ou dans la zone de transition.

Q/ Quelle considération avez-vous envers vos enfants de différents sexes ?

R/ Les Mboute aiment leurs enfants, filles comme garçons au même titre.

Q/ Avez-vous des problèmes d’eau pour les travaux domestiques ?

R/ Non, pendant la saison de pluie, il n’y a aucun problème d’eau, mais pendant la saison sèche, il y a de petits problèmes qui poussent à aller plus loin pour puiser de l’eau.

Q/ Le Mboute est habitué à se déplacer, n’y-a-t-il pas de conséquences ?

R/ Souvent des maladies sont à l’origine des tourments dans la forêt. Mais nous nous soignons avec des feuilles et racines tel que Aliondjoka, Ekeke, Egima, Mambemabe, Bombo, kakandi, Autu contre des maladies tel que Hernie, maux de ventre, plaies, maladies vénériennes, vers intestinaux, etc.

Q/ Avez-vous des réserves de nourritures dans la maison ? et combien de fois mangez-vous par jour ? et variez-vous vos repas ?

R/ Nous n’avons pas de réserve dans nos maisons, nous mangeons à chaque fois que nous avons fin, nous mangeons souvent des feuilles de maniocs ou des haricots si les organismes humanitaires nous en distribuent.

Q/ Pourquoi ne voulez-vous pas élever les animaux domestiques ?

R/ Car nous vivons dans des milieux où il y a des animaux féroces qui, souvent menacent les animaux domestiques.

Q/ Quelle est votre attitude devant les maladies ?

R/ Lorsque nous sommes malades, nous allons à l’hôpital, mais la difficulté est que nous n’avons pas d’argent, mais on nous fait payer comme tout le monde.

Thème : Transfert d’eau

Q/ D’autres pays africains sont en stress d’eau, ils voudraient que nous leur donnions notre eau, quel est votre point de vue ?

R/ - Le peuple Mbuté refuse catégoriquement cette idée-là. Nous ne pouvons pas autoriser le transfert de notre eau ailleurs, car beaucoup de nos richesses sont emportées par des gens en dehors du pays et ça ne nous rend rien, nous refusons cette idée





3. Thèmes et messages contenus dans l’enregistrement

Thèmes principaux : Changement climatique, Question genre, Vie sociale, Conflit, Transfert d’eau, Migration

Message spécifique par rapport aux thèmes exploités : La région est vulnérable aux impacts négatifs de changement climatique, le peuple pygmée respecte sa femme et les responsabilités sont partagées en foyer malgré certaines imperfections, les conflits se règlent au niveau local, sauf exagération, ils sont déportés devant la police, le Mbuté n’a pas tellement d’initiative, il est souvent entrainé par les autres, il s’oppose carrément au transfert de l’eau et se dit prêt à se battre militairement pour défendre la ressource.

Pertinence de chaque message : Tous les messages sont pertinents à partir du moment que l’on est éclairé sur la considération qu’à ces populations face aux questions émergeantes de l’heure, vu qu’elle a été toujours pensée plus en retard de développement et du modernisme.